Grand sprint pour les libéraux

D'un côté, Benoit Bouvier mise sur sa jeunesse et ses vingt-huit ans passés sur la rue Dézéry pour séduire le cœur des électeurs d'Hochelaga. Âgé de 31 ans, le candidat fait partie des plus jeunes recrues de l'équipe Martin. Les gens sont bien contents de voir « un petit gars du coin » se présenter, explique l'aspirant député. Même s'il en est à sa première expérience, le jeune homme peut se targuer de bien connaître son quartier et, les rouages de la politique, puisque ses parents sont des militants politiques de longue date.

Dans la Pointe-de-l'Île, les Libéraux ont plutôt joué la carte de l'expérience, avec le candidat Jean-Claude Gobé qui a une longue feuille de route politique. Élu pendant près de 18 ans sous la bannière du Parti libéral du Québec dans Lafontaine (nord de Montréal), le candidat a claqué la porte du PLQ l'an dernier. En vue des élections provinciales de 2003, le député avait été mis au rancart par Jean Charest, pour laisser la place à un candidat vedette, Tony Tomassi. Gobé a donc décidé de se retirer. Quelques mois plus tard, il a choisi de retourner sur l'arène politique, au fédéral cette fois.

Sur les bancs de l'opposition

Lorsqu'il est temps de parler de son saut en politique fédérale, Jean-Claude Gobé se fait discret sur cet épisode de discorde. « Il est temps que le Québec ait des représentants qui ont de l'expérience pour avoir une place, fait-il valoir . Ça fait trente-cinq ans que je suis ici et il y a toujours des chicanes qui freinent le développement du Québec », souligne l'homme de nationalité française. Même son de cloche chez le jeune Benoit Bouvier, qui estime qu'Hochelaga devrait occuper une place à toutes les tables, sans être relégué aux sièges réservés à l'opposition.

Alors qu'autant au provincial qu'au fédéral, les élus de la Pointe-de-l'Île réchauffent les bancs de l'opposition, il est normal que les dossiers traînent en longueur, indique Jean-Claude Gobé. « Il n'y a rien qui bouge et les gens se sentent négligés. Pourtant si les électeurs décident de se camper dans l'opposition, il y a des conséquences », ajoute-t-il, avec le franc-parler qui le caractérise.

Sous la bannière des bloquistes et du Parti Québécois, l'est de Montréal a été laissé à lui-même, soutient l'ancien député de Lafontaine. Il cite en exemple la construction d'un métro à Laval plutôt que dans l'est de Montréal, alors que les besoins en transport en commun sont « criants » dans ce secteur. « Ils prennent les électeurs pour acquis » et un « besoin de changement » se fait de plus en plus sentir dans cette forteresse qui appartient au Bloc québécois depuis 11 ans.

Des préoccupations communes

Dans le discours des deux candidats, les mots développement économique reviennent comme un leitmotiv. Il est vrai que Mercier-Hochelaga-Maisonneuve traîne un lourd passé de fermeture d'usines, qui ont laissé des cicatrices encore apparentes. Même dans les dernières années, plusieurs industries ont fermé leurs portes, comme la biscuiterie Viau, rappelle Benoit Bouvier. Dans la mire des deux libéraux : la décontamination des terrains, vestige du passé industriel de ce secteur.

Près de 40 % des terrains vacants se trouvent à l'est de Montréal et bon nombre d'entre eux sont contaminés. Dispendieux à réhabiliter, ils constituent un frein au développement économique de cette zone, considèrent les deux libéraux. Ils estiment donc qu'il est primordial que le gouvernement fédéral s'investisse dans ce dossier. « Ça pourrait être par le biais du programme d'infrastructure, par exemple, suggère Jean-Claude Gobé . Il doit bien y avoir un volet qui permette de décontaminer les sols ou qui mise sur le développement régional. »

Le transport : un enjeu local important

La question du transport revient également sur le tapis. La Pointe-de-l'Île est mal desservie par les transports en collectifs, juge Jean-Claude Gobé. L'idée d'instaurer un système de train léger sur rail lui sourit. « Montréal, et plus particulièrement l'est, n'a aucune desserte bien organisée pour le transport en commun. Je pense qu'il faudrait un système intégré de transport en commun à travers toute l'île, que ce soit par rail ou par métro. »

Modernisation de la rue Notre-Dame, prolongement du boulevard l'Assomption et coup de pouce au développement du secteur Dickson font partie des priorités de Benoit Bouvier afin de redonner un second souffle à l'économie locale. Même si la plupart de ces dossiers ne sont pas de compétence fédérale, le libéral pense que le gouvernement aura toutefois un rôle à jouer dans ces secteurs. Il pense être en mesure de « faire pression ou tout simplement de donner son appui à ces projets. »

Mais Benoit Bouvier ratisse plus large : avec le vent de renouveau qui souffle sur Hochelaga-Maisonneuve, il faut ouvrir une porte à ceux qui sont plus défavorisés. Au coeur des préoccupations de ce nouveau papa, la construction de logements sociaux pour les familles. Les aînés devraient eux aussi pouvoir continuer de vivre dans le quartier où ils ont habité une partie de leur vie et avoir accès à un toit à prix abordable. À cela s'ajoute la sauvegarde des espaces verts, pour maintenir une qualité de vie agréable.

Que ce soit dans Mercier ou dans la Pointe-de-l'île, les deux nouveaux membres de l'équipe Martin ne doivent pas s'essouffler avant le fil d'arrivée. Benoit Bouvier prédit une victoire assurée aux Libéraux, le 28 juin prochain. Mais pour Jean-Claude Gobé, rien n'est gagné d'avance. Selon lui, les tendances qui se dessinent, tant à l'échelle provinciale qu'au Canada influenceront le résultat du vote. « Il faut savoir gagner, mais il faut aussi savoir perdre », conclut-il, philosophe même s'il se montre confiant.

Anne-Marie Tremblay - le 14 juin 2004

Sur la photo: Jean-Claude Gobé, candidat libéral dans la Pointe-de-l'Île et Benoit Bouvier, candidat du même parti dans Hochelaga.

Mise à jour - Le jeudi 14 octobre 2010